Virée en baie de Quiberon les 6, 7 et 8 Juin 2008, Récit de Yann

         

l’armada sur le départ

 

A l’initiative d’Henri Zimmerman, une petite armada a quitté Port-Louis le vendredi 06 juin 2008 vers 9 h 30. La flotte est composée de 5 bateaux (Obi Wan, Héolis, Clasym, Maëven et Paille en Queue II) et de 11 femmes et hommes d’équipage.

Un vent de nord-ouest nous a permis, à la sortie de la passe sud, de tirer un seul bord vers la pointe de Quiberon. Le temps était clair, la houle un peu forte, le vent ne faiblissait pas. Arrivés devant Quiberon, nous en avons profité pour regrouper l’escadre, Jean-François et Claude sur le Clasym marchaient un peu en avant pour ouvrir la voie. Le passage de la Teignouse était assez bouillonnant, mais nous l’avons dépassé pour prendre le passage du Béniguet.

Mireille, sur Obi Wan, navire mixte mi plaisance mi chalutier, a eu le courage de lancer ses lignes et a été récompensée de ses efforts en récupérant les deux derniers maquereaux du secteur.

Yves, qui avait été prêté à Jean-Paul et Chantal, a, avec beaucoup de courage, relevé le défi de roder ’Héolis, bateau qui prenait enfin contact avec la mer.

       

 le plaisir de la navigation 

Après le passage du Béniguet où Jean-François et Claude nous attendaient, nous avons longé Houat et sa magnifique plage pour obliquer ensuite sur notre objectif final de la journée, l’île d’Hoedic. Le vent forcissait de plus en plus, en entrant dans le port, il restait une tonne de libre, hélas dans un endroit peu abrité du vent du nord.

L’amarrage fut périlleux, nous manquions d’expérience en la matière. Une fois les bateaux arrimés les uns aux autres, il a fallut faire de nombreux réglages pour éviter les tricotages de mâts, puis il fallait déplacer les par battages souvent réduits à quelques millimètres d’épaisseur. Le vent était monté à 35, 37 nœuds. Il était temps de prendre un apéritif de réconfort. Là, une première angoisse se fit jour. Y avait-il assez d’eau à marée basse ? Ce fut une longue série de calcul, dans l’ensemble plutôt divergeant, certains pessimistes, d’autres optimistes. Ces derniers l’emportèrent, il était précisé dans le manuel breton qu’il y avait 2 mètres à l’entrée du port, là ou nous étions censés être, et puis pourquoi mettre un point d’amarrage à un endroit où il n’y aurait pas d’eau ? 

 

      

 le « Loco » dans ses œuvres

A ce moment, nous avons eu droit à un spectacle, le « Loco », un voilier coque acier de 10m qui s’était mis à l’ancre derrière nous et qui s’est retrouvé à la côte après avoir ripé. Le ressac lui donnait de violent coup et apparemment le moteur était hors service. L’équipage a sorti un zodiac pour essayer de le tirer, mais il a faillit se retourner dans le ressac d’une mer très agitée. Nous ne pouvions rien faire à moins de se mettre en vrac à notre tour. Emmanuel a prévenu les secours, puis avec Christian nous avons gonflé une annexe pour pouvoir chercher éventuellement l’équipage. Finalement se sont des pêcheurs qui ont réussi à les sortir de là puis de les remorquer jusqu’à notre tonne, malgré nos protestations car les tensions étaient déjà presque insupportables entre les bateaux. Ils nous ont été immédiatement sympathiques, l’un d’entre eux nous menaçant tout de suite de nous casser la figure. Les choses se sont provisoirement calmées, l’équipage du « Loco », le bien nommé, étant parti fêter leur sauvetage avec les pêcheurs.

Le vent ne se calmait pas, nous avons essayé tant bien que mal d’aller dormir. Vers 1 heure du matin, la sérénade a commencée, provocation maximum pour chercher la bagarre. Nous avions à faire à de mauvais marins, mauvais musiciens, mauvais chanteurs, mais authentiques saoulards, braillards, paillards, vantards en un mot c…ards. Les provocations se sont poursuivies une partie de la nuit, Emmanuel et Christian sont restés sur le pont pour contrôler la situation. Une autre inquiétude se profilait, tous les sondages qu’ils effectuaient confirmaient qu’il y avait de moins en moins d’eau. A partir de 2 heures du matin, un premier bateau s’est posé, (marée basse vers 2h30), les autres ont plus ou moins suivis. Liés comme nous étions, aucun bateau ne s’est couché, une chance, et vers 3h00 la situation s’est redressée. Là nous avons pu dormir un peu.

Si on tire le bilan de cette aventure, il faut savoir que dans le port, il y a 2 tonnes et il y a plus d’eau sous la deuxième vers le fond du port. En fait, sur la première, avec une marée de 85 de coefficient, il nous restait 1m15 à tout casser.

Autre erreur, nous nous sommes amarrés beaucoup trop serrés sur la tonne, il aurait fallut laisser beaucoup plus d’écoute à l’avant ce qui permettait aux bateaux de se mettre plus en parallèle et de subir ainsi moins de pression, et surtout mettre les plus petits navires à l’extérieur. Il faut dire que vue les conditions de vent, l’amarrage initial avait déjà été sportif et qu’il était difficile de recommencer les manœuvres.

Soleil insolent le samedi matin au réveil, les mines bien qu’un peu défaites se réjouissaient de se trouver dans un tel environnement.

           

Après le petit déjeuner, Henri, Yann, Mireille, Jean-Paul, Chantal, Jean-François et Claude sont descendus à terre pour visiter l’île. La végétation très colorée était déjà bien en avance par rapport au continent, les points de vue sur les différents promontoires donnaient des envies de grand large, le village bien ramassé dégageait un charme authentique. De nombreuses criques avec des eaux turquoises incitaient à la méditation et à la baignade. Nous nous serions facilement attardés s’il n’y avait pas les horaires de marées qui nous contraignaient à quitter le port bien avant midi.

Les bateaux, une fois libérés, purent respirer à nouveau, dans l’ensemble cette étape à Hoëdic provoqua moins de dégâts que nous le craignions, quelques traces de par battages, une girouette tordue, un peu de peinture à refaire.

Le temps se maintenant au grand beau, nous avons tiré un seul bord en direction du Crouesty, d’abord avec peu de vent puis celui-ci forcit dans l’après-midi.

Yves sur Héolis a été immédiatement confronté à un problème, sa prise de ris de la veille restait coincée. Il réussit néanmoins en fin d’étape à faire une belle remontée sur le reste de l’armada.

    

Escale au Crouesty

 Le Crouesty est très confortable, il dispose de 110 places visiteurs, les installations sont propres avec de nombreuses facilités. Nous avons facilement pu nous regrouper sur les pontons. A son arrivée l’Héolis connut une nouvelle avarie, plus de marche arrière. Après quelques sueurs froides, l’amarrage s’est bien déroulé.

C’était le moment de se détendre, de profiter des possibilités du port comme se doucher par exemple, de refaire le plein d’eau ou de recharger les batteries. Chacun put admirer les autres voiliers tout en se prenant à rêver devant de magnifiques bateaux.

En début de soirée, après l’apéritif dînatoire la veille chez Jean-François, nous avons inauguré l’apéritif bricolage chez Jean-Paul. Certains amenaient du ravitaillement, d’autres leur clés à molette, leurs démanilleurs ou toutes sortes d’autres instruments. Tout en buvant le verre de l’amitié, des poulies ont été graissées, des manilles changées, des filières réglées, des prises de ris restaurées etc.…

La soirée s’acheva par une « moule frite party » fort sympathique dans un des nombreux restaurants du port et la nuit fut excellente pour tous malgré un vent qui s’était renforcé.

Dimanche matin, toujours ce même soleil éclatant au réveil qui augmente encore le plaisir du petit-déjeuner. L’étape était longue, il fallait partir de bonne heure vers 9 H. Nous avons fait pivoter l’Héolis toujours démuni de sa marche arrière et il put ainsi partir le premier rejoint peu de temps après par le reste de l’armada devant le port du Crouesty qui offre de superbes vues sur la baie de Quiberon et où on devine l’entrée proche du golfe du Morbihan.

Le vent très mollissant nous a posé des problèmes pour atteindre le phare de la Teignouse, nous avions calculé avec les marées pour nous faciliter le passage, et pour ne pas se mettre en difficulté nous avons opté pour l’utilisation du moteur durant 1 H environ.

     

marin, un dur métier

Une fois la Teignouse effacée, le vent est revenu avec de plus en plus de force, en provenance du sud-ouest. Là 2 options ont été prises, quelques bateaux ont longé la côte sauvage de Quiberon et ont serré la terre, d’autres ont tiré un bord sur Belle-Île pour repartir en direct vers la pointe de Gâvres. Le vent devenant capricieux, cette option s’est révélée plus intéressante. Ainsi, à mi-route, en deux secondes le vent est passé au nord, ce qui nous a bien aidé pour rejoindre Groix, en revanche il a fallut tirer de nombreux bords pour arriver à la citadelle au milieu d’une multitude de bateaux.

Une dernière mobilisation générale pour accueillir l’Héolis et son moteur défaillant puis l’ensemble des participants se sont retrouvés au club pour un débriefing et un dernier verre de l’amitié, se promettant de repartir le plus tôt possible.